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Critique

«La belle endormie»: coma te dire adieu

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Chapitres. Marco Bellocchio s’attaque au lourd sujet du droit à mourir.
Alba Rohrwacher dans le rôle d'une militante anti-euthanasie. (Photo Bellissima Films)
publié le 9 avril 2013 à 19h06

En effet, l'endormie est belle : une Ondine, une princesse au bois dormant, mais elle dort du sommeil qui précède la mort, figée dans le coma, sans espoir de retour. Elle est alitée dans le domicile familial de sa mère, une grande et célèbre actrice (d'ailleurs, c'est Huppert) que le sort de sa fille a rendu folle, exclusive, féroce à l'égard de tous les autres : son appartement est devenu un temple où le corps de la jeune femme forme l'objet d'un culte mortifère. Voilà pour le volet «fiction» de la Belle endormie.

Mais le nouveau film de Marco Bellocchio est un produit hybride. Ce pan de fiction fait écho à un fait d’actualité symétrique et que le cinéaste met également en scène : l’affaire Eluana, du nom de cette jeune femme laissée elle aussi dans le coma pendant de longues années et pour laquelle son père réclamait le droit à une mort sereine. En 2008, les médias et la société civile italienne s’étaient enflammés autour du cas Eluana, dont Berlusconi entendait empêcher l’euthanasie en faisant voter une loi préventive et précipitée, au motif que, dans la mesure où Eluana avait encore ses règles, elle pourrait peut-être avoir un jour des enfants (ligne scabreuse également défendue par le Vatican).

Mécanique. C'est donc un grand sujet de société que Bellocchio empoigne dans ce film qui va et vient entre réalité et fiction. Un grand sujet qui est au cœur de tout un pan du cinéma moderne et qu'illustrait à sa façon Amour,