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Le Demy monde

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Palette . A la Cinémathèque française, une exposition éblouissante propose une lecture artistique de l’univers du cinéaste enchanté.
Catherine Deneuve sur le tournage des "Parapluies de Cherbourg" en 1963. (Photo Leo Weisse/ Archives Ciné-Tamaris)
publié le 9 avril 2013 à 19h06
(mis à jour le 10 avril 2013 à 16h16)

Comment organiser la visite d'un monument du cinéma sans le transformer en cathédrale intimidante ou en chapelle du fétichisme, voire, plus triste encore, en cénotaphe. La solution inventée par Matthieu Orléan pour l'exposition «le Monde enchanté de Jacques Demy» s'apparente à la trouvaille de Chris Marker pour son Tombeau d'Alexandre où il explorait le cinéma de Medvedkine. Une série d'évocations qui s'approchent du visiteur comme autant d'invités au banquet des bons souvenirs. Celui-là parlera de la musique, évidement, cet autre, plus intempestif, de la peinture (lire page ci-contre). Autrement dit une empathie certaine qui n'obère pas pour autant le point de vue singulier, la distance : un regard vif, ébloui mais jamais aveugle. La porte de l'exposition est un couloir qui reproduit une des galeries du passage Pommeraye à Nantes, où Demy, après y avoir déambulé adolescent, fit passer et repasser son cinéma. On y croise fatalement Anouk la bien Aimée en sa guêpière de Lola. Une des cloisons du couloir est un miroir. Lola à l'endroit, Anouk à l'inverse. A la fois sas et frontière, ce passage nous transporte. Toi qui entres en ce royaume, abandonne tout espoir de réalisme si ce n'est poétique. Toi qui sors de ce jardin des délices, apprends donc à chanter la vie, la joie au cœur, comme Delphine et Solange, les jumelles Garnier des Demoiselles de Rochefort : «Aimer les rires et les pleurs / Aimer le jour, aimer la nuit / Aimer le soleil et la pluie / Aime