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Libération
Critique

Adolpho Arrietta, tout fou tout «Flammes»

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Le cinéaste Serge Bozon évoque l’œuvre excentrique de cette figure de l’underground seventies, dont les films ressortent en salles.
"Flammes" (1978) avec Caroline Loeb. (Photo Caprici)
par Serge Bozon, Cinéaste (Mods, la France), acteur et critique de cinéma
publié le 16 avril 2013 à 19h06
(mis à jour le 17 avril 2013 à 15h58)

Les deux grandes décennies du cinéma français sont les années 30 et, quarante ans après, les années 70. Quarante ans après les années 70, c'est maintenant. Une intégrale Demy bat son plein à la Cinémathèque française (lire Libération du 10 avril). Demy s'est écroulé dans les années 70. Son cinéma ne s'en est jamais vraiment remis. Pourquoi ? Mystère. Deux cinéastes reprirent son flambeau, Adolpho Arrietta, né en 1942 à Madrid, et Paul Vecchiali, né en 1930 à Ajaccio. Les deux découvrent Demy à Paris dans les années 60, l'un ayant fui le franquisme, l'autre l'Ecole polytechnique. Vecchiali hérite de ce qui va avec les chansons, disons l'obscénité des sentiments et la cruauté du temps (les Parapluies de Cherbourg). Arrietta hérite de ce qui va entre les chansons, disons une certaine qualité de silence, et la douceur des contes pervers (Peau d'âne).

Au centre d'un conte, il y a toujours une métamorphose. Se métamorphoser en quoi ? Pas en prince, ni en princesse, mais en ange. La réponse donnée par Arrietta, dès son premier film (le Crime de la toupie, 1966), ne changera pas. Un adolescent (Xavier Grandès, son acteur fétiche, mort en 2012) contemple une toupie, songeur. Dans son dos, un ange le regarde. Un ange aux ailes de papiers. Dans l'Imitation de l'ange (1968), le costume de l'ange adolescent, convoité par un ami des parents, est prot