Joint par mail, Gus Van Sant a répondu par écrit à trois questions sur un film qui est, selon lui, davantage une description du «business» américain qu'un pamphlet écolo.
Quand Matt Damon vous a demandé de réaliser ce film, vous ne saviez pas grand-chose sur les gaz de schiste. Avez-vous été choqué par ce que vous avez découvert ?
Pas tant que ça. J'avais déjà vu ou entendu parler de beaucoup de méthodes surprenantes utilisées pour extraire les ressources terrestres. Celle-ci [la fracturation hydraulique, ndlr] était nouvelle pour moi, mais pas l'une des plus choquantes. Je ne suis pas vraiment quelqu'un qui dénonce la technique en elle-même avec véhémence. Je suis plutôt opposé à la façon dont nous, les Etats-Unis, procédons. C'est-à-dire avec une telle vitesse que les lois régissant d'autres secteurs risquent d'être écartées brutalement. La voracité est telle qu'elle donne l'impression que nous sommes en train de livrer une guerre, plutôt que d'exploiter une ressource. C'est peut-être parce que certaines des compagnies pétrolières qui nous ont «aidés» à faire la guerre en Irak et en Afghanistan détiennent les sociétés spécialisées dans les gaz de schiste. Le plus choquant - et pas non plus dans un mauvais sens, mais juste, disons, le plus spectaculaire - est le développement de tout un business autour de la fracturation hydraulique, d'infrastructures, de services… L'hôtel dans lequel nous logions pendant le tournage du film accueillait une énorme conférence sur toutes ces opportunités à venir. La rapidité avec laquelle cela semblait se produire m'a fait penser à un film en accéléré.
Vous ne qualifiez pas votre film de politique. Pourquoi ?
Je ne suis pas sûr de pouvoir dir