De projets avortés en sujets de commande, le cinéma de Demy a connu pas mal de hauts et un nombre incalculable de bas. En 1972, après l’échec (commercial) de l’Evénement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune, il lui faudra dix ans de négociations compliquées pour mener à bon port Une chambre en ville, son rêve de toujours. Nouvelle défaite, envenimée par une polémique outrée (Demy contre l’As des as d’Oury) qui finit d’achever le film. Intermède incertain avec Parking - Francis Huster chante ! Autrement dit : par ici la sortie - et encore quelques années de chaos avant de réaliser en 1988 son dernier film, Trois Places pour le 26, un autre projet trop longtemps congelé. Galère, mépris, oubli.
Inutile cependant de s’apitoyer sur le sort d’un maudit. La plainte n’était pas dans la manière de Jacques Demy. Il y a plus intéressant et plus digne. Pister, par exemple, cette comédie humaine que Demy avait en projet, cette splendide obsession qui fonce d’un film à l’autre, pour preuve que, comme tous les grands du cinéma, Demy filmait toujours le même film.
Repérage, donc, dans les fils d’un écheveau embrouillé. En commençant par Lola, héroïne phare du film homonyme, mais dont la lueur n’en finira plus d’éclairer les œuvres lui succédant. A la fin du film, Lola (Anouk Aimée) laisse tomber Roland Cassard (Marc Michel), son ami d’enfance, et lui préfère Michel (Jacques Harden) et sa belle voiture américaine blanche. Dans l