«Cinquante à soixante-dix films par an sont condamnés.» C'est le credo des syndicats de producteurs indépendants contre l'extension de la convention collective. A l'appui de cette inquiétude, circule sur le Net un clip compilant une vingtaine de films (Séraphine, Polisse, la Guerre est déclarée, Radiostars, Mammuth, Tournée, Holy Motors…) dont la faisabilité aurait été menacée. Nous avons choisi deux autres exemples de films répondant à ce cas de figure, illustrant la complexité du financement du cinéma mais aussi la fragilité de ces projets. L'un et l'autre sont sortis entre 2011 et 2013, et leur réalisateur signait là leur deuxième et quatrième film. Nous avons choisi de ne divulguer ni le titre de ces films ni le nom de leur réalisateur, afin de déconnecter la qualité du film et la cote de sympathie des réalisateurs de la réalité des chiffres.
«Surcoût». Le premier a été réalisé sur la base d'un budget de 920 000 euros, pour 20 jours de tournage, pratiquement sans préparation. Une période très courte, mais le projet a été pensé en ce sens dès le moment de l'écriture. L'équipe comprenait entre 11 et 15 personnes; les chefs de poste (image, montage et directeur de production) ont été rémunérés entre 15 000 et 19 000 euros. L'équipe a été engagée à - 50 % du tarif avec la promesse, de la part de la production, de monter à - 30 %, voire au versement de l'intégralité du tarif, si deux sources de financement (région et chaî