La «boue», dont il est sobrement question dans le titre du film, n’est pas la matière sombre et gluante qui tapisse les caniveaux des grandes villes. Ici, c’est plutôt de la terre noble qui borde les rives du Mississippi dont il est question. Et le fait de porter ce curieux pseudonyme, comme le héros du film, n’est pas synonyme de crasse ou d’infamie, mais relève, au contraire, d’une forme d’appartenance organique à un territoire où il faut vivre avec la rivière, en accepter les contraintes et, surtout, ne jamais en contrarier ses caprices.
Jeff Nichols, trois films seulement au compteur, connaît parfaitement son affaire dans ce registre-là. Il est né en Arkansas et il se verrait bien tourner pour toujours dans l’Etat qui l’a vu naître ou, à défaut, dans cette Amérique des villes minuscules écrasées de chaleur, coincées entre mythologie déclinante du Sud et banlieues tristounettes modernes.
Touffue. Après Shotgun Stories, variation rurale des Horaces et des Curiaces, puis Take Shelter, exploration d'une paranoïa aiguë dans un patelin perdu du Midwest, c'est encore une fois dans une Amérique pas très vaillante que le cinéaste a posé sa caméra. «Je suis toujours attaché au territoire dans lequel le film se déroule. Je pense que cela se sent à l'écran. Pour Mud,