Dans le cinéma israélien, «le conflit» est devenu depuis longtemps un genre à part entière, avec ses propres codes, ses références et ses conventions, donnant lieu à des dizaines de variations. Rock the Casbah, qui suit une patrouille de soldats israéliens pendant la première Intifada (1987-1993), ne prétend ni révolutionner le genre ni même apporter une vision singulière. Le propos repose même sur la banalité d'un contexte examiné sous toutes les coutures depuis des années, et sur une certaine pénurie d'imagination à représenter cette guerre autrement qu'au travers de sa litanie de clichés.
Le personnage principal, Tomer (Yon Tumarkin, un faux air de Ian Curtis), est un jeune homme introverti qui, comme cinq de ses camarades, est assigné à la surveillance de la terrasse d’une famille palestinienne après la mort d’un soldat au cours d’une patrouille. Pendant quelques jours, entre ennui abyssal et exaspération, mauvaise conscience et pulsions meurtrières, les jeunes troufions qui ne pensent qu’à partir fumer des pétards à Amsterdam, à sortir avec leur fiancée et à écouter de la pop à la radio, prennent pleinement conscience du caractère dérisoire de leur mission et, pour certains, de leur existence même.
Par son rythme indolent, mais aussi par l’accumulation de personnages trop entiers pour susciter l’intérêt (l’officier borné, le soldat raciste, la femme palestinienne belle et fière…), le film restitue une idée de la guerre qui ne fâche fondamentalement personne. Les