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Libération

L’Espagne en deuil du citoyen Landa

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Décès. Primé à Cannes en 1984, l’acteur était passé de la comédie commerciale au cinéma d’auteur.
publié le 12 mai 2013 à 19h26
(mis à jour le 13 mai 2013 à 10h13)

Peu d'acteurs ont été substantivés. C'est le cas d'Alfredo Landa, pour qui la critique avait inventé le terme de «landismo». Guère valorisant, certes : on désignait par là les comédies espagnoles, boulevardières et moralisantes, produites à la chaîne dans les années 70. Avec la mort du dictateur Franco en 1975 et la fin de la censure, ce cinéma se teinte d'érotisme (enfin... de seins nus), dans une piètre imitation de la sexy comédie à l'italienne.

Si la mort d'Alfredo Landa, âgé de 80 ans, jeudi à Madrid, a été vécue comme un deuil national en Espagne, c'est que son œuvre ne se limitait pas à ce landisme. Il est l'un des cinq acteurs espagnols récompensés par un prix d'interprétation à Cannes : en 1984, pour les Saints innocents, de Mario Camus, ex aequo avec son partenaire Francisco Rabal (1). Un drame rural de facture académique, tiré d'un roman de Miguel Delibes.

Trois ans auparavant, Alfredo Landa avait gagné ses galons d'acteur «sérieux» en incarnant un détective désabusé dansEl Crack, de José Luis Garcí. Ce polar à succès synthétisait l'atmosphère de l'Espagne de l'époque, le désenchantement qui avait suivi le retour à la démocratie, le sentiment d'impuissance face au terrorisme, à l'insécurité et au chômage. El Crack était d'ailleurs sorti peu après le putsch manqué du colonel Tejero, nostalgique du franquisme qui avait pris en otage toute une nuit, arme au poing, la Chambre des députés.

Né en Navarre, Landa avait interrompu ses étude