Il suffit parfois, à Cannes, de pousser une porte dérobée dans un film pour s'engouffrer au beau milieu d'un autre. L'an dernier, c'était comme si la limousine de Robert Pattinson dans Cosmopolis prolongeait le travelling délié de celle du Denis Lavant de Holy Motors. En ce début d'édition 2013, on a ce sentiment vague de n'être jamais sorti d'un faramineux dressing, où les rayonnages princiers de chemises en soie jamais portées du héros ruffian de Gatsby le Magnifique jouxteraient ceux qui croulent sous les Louboutin et autres souliers panthère rose de Paris Hilton dans The Bling Ring de Sofia Coppola.
Stiletto. Celle-ci s'y infiltre dans le sillage d'une horde de sales gosses bon teint qui, envapés par l'ennui teen et le chatoiement de la société people de Los Angeles, se faufilent la nuit dans les villas-bonbonnières de starlettes en goguette, de Lindsay Lohan à Orlando Bloom, pour y chaparder Rolex et stilettos, au son d'un Live Fast, Die Young de Rick Ross.
Filmés sous toutes les coutures dans leurs frasques monte-en-l’air aussi bien par les caméras de surveillance que leurs propres smartphones, dans une logique absurde de la trace qui fournira les pièces à conviction de leur chute, ils se font vite pincer et se trouvent ainsi bombardés demi-peoples à leur tour par un ricochet de l’égarement affolé des médias - une opération qui polarise presque autant la fascination de la cinéaste que leur