Les jeunes gens sont parfois considérés comme des «bonbons». Ou alors, avec un mépris diffus, il se dit d'eux qu'ils sont «à croquer». Au vu de l'aura (du buzz cannois, dira-t-on) qui entoure depuis quelques jours Marine Vacth, héroïne lycéenne et prostituée de Jeune & jolie, le film de François Ozon, nul doute que certains commentateurs lui appliqueront ces qualificatifs carnassiers.
Opium. Ce serait faire fausse route. Car si la demoiselle de 23 ans est d'une plastique rare, une bouche perlée et un petit corps de lolita timide, son charme esquive toute niaiserie, lorgne vers le vénéneux, le toxique. Boulette d'opium plus que mignardise.
Elle est arrivée la veille au soir et tout s'est enchaîné : interviews, séances photos, conférence de presse. A-t-elle la pression de se retrouver catapultée là, actrice vedette d'un long métrage en compétition ? «Pas tant que ça, c'est un sentiment bizarre. Toute l'équipe est présente, donc on reproduit l'harmonie qui était sur le tournage.» Elle dit ne «pas prendre ça pour [elle] mais pour les autres, pour le collectif, pour le film». Et qualifie son personnage, Isabelle, de «singulière, différente, lucide, distante, taiseuse». Elle en partage les silences.
La voix est délicate, mais basse, parfois marmonnante, limite inaudible. Comme si elle s’échauffait pour mieux crier. Sa présence, à l’écran comme en face-à-face, est écrasante. Elle at