On savait François Ozon tenté par la diversité des films, des genres et des sujets, mais on ne l'imaginait pas franchir le pas du reportage animalier avec autant d'aisance et d'intrépidité… On le dit avec tout le respect, toute l'estime que l'on porte à l'exercice documentaire : Jeune & jolie est un film d'observation fascinante et d'admiration fascinée. Son objet est une créature à la fois commune et insaisissable : une jeune femme. Plus exactement, le film voudrait capter l'instant de ce passage immatériel où une adolescente bascule vers sa nouvelle identité de femme bientôt adulte. Méthodique, Ozon fixe son champ de recherches entre les limites de quatre saisons, qui s'égrènent à partir de l'été des 17 ans d'Isabelle. Putain ! Quelle splendeur qu'Isabelle ! Sauf que quelque chose cloche : le monde confortable et lisse dans lequel elle évolue n'est pas tout à fait au diapason de sa beauté à la fois brute mais magnifiquement dessinée et, malgré une famille attentive et privilégiée, Isabelle conçoit bientôt l'idée de faire, en effet, la putain.
La soif furieuse d’une vie effrayante
D'un dépucelage foireux avec un jeune touriste allemand sur une plage a-t-elle tiré l'idée que le sexe n'avait pas d'intérêt en soi ? Veut-elle mettre à l'épreuve une crainte de frigidité précoce ? Cherche-t-elle le plaisir, la douleur, l'argent, le danger ? C'est sans doute à ce voyage mental au cœur du doute adolescent que tient la meilleure réussite de Jeune & jolie. Du