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Festival de Cannes 2013dossier
Moustache. Thriller hypersexué, «l’Inconnu du lac», d’Alain Guiraudie, se pose en chef-d’œuvre du cinéma gay.
publié le 17 mai 2013 à 21h16

Alain Guiraudie ne nous a jamais déçus. Depuis son apparition parfaitement intempestive au seuil du millénaire avec Du soleil pour les gueux, il a maintenu, activé, embelli la flamme tout à fait singulière de son cinéma, l'un des moins faciles à définir du paysage français. Français ? Pas tout à fait : aveyronnais et occitan aussi, puisque ce sont les marqueurs forts d'une culture qu'il déclare sienne et que tous ses films, de près ou de loin, pratiquent. Le cinéma de Guiraudie exprime aussi un mélange détonnant et jusqu'ici inconnu de rustique et de baroque, de politique et de sensualité, de fable et de réalisme.

Dans l'Inconnu du lac, ces ingrédients sont à nouveau réunis mais surtout condensés, chauffés à blanc, portés à leur intensité maximale. Ils atteignent à une essence, un hydrolat : lieu unique, temporalité réduite, action se rapportant à une courte et pure aventure d'amour et de mort. Le lieu est en endroit de drague réservé aux hommes au bord d'un lac du Midi. Le temps est celui de l'été, des vacances et du soleil roi.

L’action est celle d’un thriller voluptueux et ralenti. Elle met essentiellement aux prises le jeune et beau Franck, le rondouillard Henri, qui deviendra son ami, et le viril et ténébreux Michel, qui deviendra son amant. Leur triangulation, d’abord oblique et détachée, puis inquiète et en partie passionnelle, donne à tout le film la charpente épurée qui lui suffit, même si virevoltent autour du trio toutes sortes de personnages et mi