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Cannes

République populaire de «Sin»

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Les critiques du Festival de Cannes 2013dossier
Pelle. Jia Zhangke explore, en quatre histoires, la Chine contemporaine des sans-grades.
publié le 17 mai 2013 à 20h06

En 2003, un jeune travailleur migrant, Sun Zhigang, est battu à mort par des policiers. Son tort : ne pas avoir de permis de résidence à Canton, où il venait d’arriver pour bosser dans une usine de meubles. Ce crime a mis toute la Chine en émoi, jetant une lumière crue sur la non-protection totale des individus face aux forces légitimes de l’Etat.

Sauna. Ces dix dernières années, le pays n'a cessé de voir augmenter les voix des protestataires qui dénoncent, par le biais d'Internet, des grèves et des pétitions, les nombreuses injustices dont les citoyens les plus pauvres, les plus démunis, sont victimes. Le site du China Labour Bulletin, basé à Hongkong, fait, par exemple, un inventaire sans cesse renouvelé des conditions lamentables de travail dans les grandes entreprises, qu'elles soient d'Etat ou privées, l'exploitation de la main-d'œuvre, l'absence de couverture sociale, la difficulté à faire entendre des revendications collectives, l'iniquité des salaires et la course inflationniste des prix du logement… La «croissance harmonieuse» voulue par les dirigeants est une douce musique qui est accompagnée d'un raffut en sourdine de dizaines de milliers d'insurrections, de couacs et de faits divers saisissant d'épouvante l'opinion.

C'est cette matière brûlante que Jia Zhangke travaille dans Touch of Sin. Il a d'abord recensé dans les journaux des histoires de meurtres, de suicides, de r