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Libération
Cannes

«Blue Ruin», l’errance anyways

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Clodo. Thriller américain vengeur tout en contre-pieds.
Macon Blair, des faux airs de Zach Galifianakis, le tragique en plus.
publié le 19 mai 2013 à 21h36

Sur les plages américaines des côtes Est et Ouest, il est fréquent de croiser des clochards d’un genre particulier. Ce sont des hommes, souvent jeunes, blancs et hirsutes, emmitouflés, été comme hiver, dans des anoraks en lambeaux. Ils restent prostrés des heures à parler tout seuls et ils ont, dans le regard, un flou poignant qui garantit qu’ils ne reviendront jamais du cauchemar psychotique où ils ont échoué.

Rouille. Dwight, le personnage de Blue Ruin, est un de ces beach bums. Il se nourrit dans les poubelles, s'introduit dans des maisons inoccupées pour se laver et dort dans une voiture rongée par la rouille et étrangement criblée de balles. On ne sait pas encore pourquoi, mais ça ne va pas tarder. Comme les autres pauvres types dans sa situation, il attend que la mort vienne le chercher, à moins qu'un miracle ne se produise. Et, justement, ce sont les deux occurrences qui lui tombent dessus en même temps. Le meurtrier de ses parents va être libéré de prison, fournissant soudain un but à sa non-existence. C'est donc le signal du départ pour Dwight qui quitte ses frusques de clodo pour assouvir sa vengeance et mettre un terme à cet exil mental qu'il pensait définitif. De toute façon, il n'a rien à perdre, il est intérieurement déjà mort.

Le scénario écrit par Jeremy Saulnier, chef opérateur de talent (Putty Hill, de Matthew Porterfield) qui réalise ici son second long métrage, n'a l'air de rien, rebondissant