Serge Bozon, c'est l'inestimable petit sourire en coin qui a longtemps manqué au cinéma français, où la comédie reste le genre à la fois le plus populaire et le plus risqué. En général, la nomenclature sinistre des registres de l'humour suffit à départager les cons des malins, les cultivés des ignorants et sans doute les riches des pauvres : selon que tu seras puissant ou misérable, tu iras voir Dany Boon ou Woody Allen. Avec Bozon, ce genre d'assignation vole en éclats au premier plan de Tip Top, qui ouvre une petite scène d'anthologie. On y voit Robert (François Damiens en majesté) mettre le souk dans un café de province peuplé de Nord-Africains, qu'il provoque de harangues racistes. On comprend deux minutes plus tard que Robert est un flic undercover et que sa diversion visait à sauver la peau d'un indic, maghrébin lui aussi. La violence de la scène est comique, mais le comique de Bozon n'est pas violent, il est retors, malin, tonique et jamais malveillant.
Cosmique. Au départ, on est presque un peu gêné de rire des horreurs proférées par Robert («Bande de tapettes bougnoules»), mais quelque chose cloche dans la logorrhée du monstre («Vive François Bayrou !»), qui permet vite de se débonder. On n'a pas fini de rire : Robert a sur le dos deux inspectrices de la police des polices venues de Paris, aus