Menu
Libération
Cannes

«Jimmy P.», psy loin, psy proche

Article réservé aux abonnés
Les critiques du Festival de Cannes 2013dossier
Indien. Pas dénué de grâce, Desplechin manque de mystère.
publié le 19 mai 2013 à 21h36

«C'est étrange de vivre là où les gens ont l'âme malade», entend-on geindre Benicio del Toro dans Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des plaines), premier film américain d'Arnaud Desplechin. L'âme, c'est ce que les femmes n'ont pas, assurait déjà Amalric à Deneuve dans Rois et Reine, et c'est, aussi ce dont Fabrice Desplechin voyait la trace au fond de la culotte de Marion Cotillard dans Comment je me suis disputé…

L’âme, c’est peut-être la grande affaire secrète de ce cinéma, le fil caché de sa lame depuis, disons, longtemps, et les effets de ses maux sur les corps et la parole ne se sont jamais rendus visibles avec tant de clarté tranquille que dans ce film, inspiré d’un livre-somme éponyme de Georges Devereux. Ce pionnier de l’ethnopsychothérapie, qu’interprète avec jubilation Mathieu Amalric, y relatait son analyse en 1947 d’un Indien interné (Del Toro), rentré des tranchées françaises à la fois sourdement traumatisé, alcoolique et sujets à de violents malaises.

Le projet d'adaptation est ancien, attendu, et sans doute est-ce pour cela que l'on ne peut s'empêcher d'être un peu déçu par ce film d'une grâce pourtant certaine. La déception est certes relative, à la mesure de la haute idée que l'on se fait du précédent film en langue anglaise du cinéaste, son plus beau sans doute, Esther Kahn. Mais quelque chose dans la forme extrêmement sereine de celui-là nous tient parfois à distance de cette conversation de deux heures entre d