Quand arrive l’heure de réaliser leur premier film, tous les jeunes cinéastes doivent probablement traverser la curieuse angoisse où il leur faut s’affranchir de leurs influences. Un travail de deuil nécessaire s’ils veulent éviter de tomber dans le piège du pastiche ou de l’hommage. Le moins que l’on puisse dire, c’est que David Perrault n’y est pas allé avec le dos de la cuiller sur ce terrain, rameutant toute la bande de ses maîtres, quitte à tenter d’impossibles mariages, mixant et remixant des morceaux dont on n’a aucune peine à croire qu’ils forment les pierres angulaires de sa cinéphilie et de sa culture.
Dans un Paris noir et blanc, vintage 60’s et minimaliste (une salle de sport, un bistrot, un bout de rue, trois affiches…), deux robustes gaillards se retrouvent quelques années après s’être perdus de vue. L’un vient de se faire jeter de la Légion (coucou, Jean Gabin), l’autre fait le zouave sur les rings de catch sous le pseudonyme du Spectre, sous-produit de l’Ange blanc, vedette considérable d’une époque où les combats attiraient les foules. Eux aussi arborent, sur la scène de leurs empoignades, une cagoule - blanche pour l’un, noire pour l’autre -, traduction de l’affrontement manichéen qui se déroulait alors chaque samedi soir salle Wagram, quand grands et petits vibraient aux manchettes et autres coups de la corde à linge de ces ancêtres des super-héros.
Mais porter un masque, même dans le cadre d'un carnaval pugilistique, n'est pas sans conséquences, et il se pe