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Cannes

Alejandro Jodorowsky et Nicolas Winding Refn: pairs sur la ville

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Alejandro Jodorowsky et Nicolas Winding Refn. Le maître franco-chilien, pape de l’underground, passe le relais à son élève danois, dynamiteur d’Hollywood
(Photo Audoin Desforges)
publié le 21 mai 2013 à 21h46
(mis à jour le 22 mai 2013 à 12h01)

Le cinéma est une substance illicite. Il se transmet, se prête ou se choure entre les junkies de l’image. Au chevauchement des années 80 et 90, Nicolas Winding Refn était un cinéphile danois, collectionnant les VHS, cherchant à dégoter les rééditions des classiques avec quelques amis. Un nom leur faisait l’effet d’une drogue rare : Alejandro Jodorowsky.

Du réalisateur, ils avaient tous vu Santa sangre (1989). Mais, une foule d'autres films leur échappaient. «Il y avait ces rumeurs, se souvient-il aujourd'hui, de quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui savait comment trouver la bande de tel film. A l'époque, avant le téléchargement, Internet et Wikipédia, on ne connaissait vraiment de Jodorowsky que son évocation par la littérature et la presse des années 60.» Le jeune homme se démène, appelle, sans succès, un éditeur américain pour obtenir une copie d'El Topo (1970), qui devient un graal filmique.

«Malsain». Le disque laser arrive, accélère le rythme de l'échange, le jeune homme voit enfin ledit chef-d'œuvre ainsi qu'un autre, la Montagne sacrée (1973) : «Un choc. J'étais face à une chose que je n'avais jamais vue avant. Il synthétisait tout ce que l'art représente : la violence, l'abstraction, la folie, le malsain…» Le visionnage lui donne «l'impression d'appartenir à la société secrète et élitiste du cinéma primitif», accentuant sa dévotion pour «Jodo», né en 1929 au Chili d'une f