Il n’aura échappé à personne que l’Afrique n’est pas surreprésentée à Cannes. Les échos d’un boom, censé partir d’Afrique du Sud et se répandre par contagion vertueuse sur tout le continent, entendus régulièrement ces dix dernières années, n’ont pas été suivis d’effets très concrets.
Mahamat-Saleh Haroun est tchadien mais vit en France. Prix spécial du jury à Venise en 2006 avec Darrat, prix du jury à Cannes en 2010 pour Un homme qui crie, il a récolté des récompenses dans les festivals les plus prestigieux et le Moma à New York lui a rendu hommage.
Entre-deux. Son cinquième long métrage, Grigris, raconte la lutte d'un jeune danseur handicapé (il a une patte folle) à N'Djamena. Il cherche de l'argent afin de payer l'hospitalisation de son père malade. La thune qu'il réussit à récolter avec ses numéros chorégraphiques en boîte de nuit ne suffit plus. Aussi convainc-t-il un caïd local, Moussa, de l'intégrer dans une de ses équipes de trafiquants d'essence. Mais Souleymane le double et revend à un tiers une cargaison d'essence volée, prétend ensuite avoir été saisi par la police. Moussa pète un câble, et Souleymane devient l'homme à abattre s'il ne rapporte pas le fric dans les deux jours. Fan du danseur, puis amoureuse du mec, la prostituée au grand