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Cannes

Vincent Lindon: «"Les Salauds", c’est du western»

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L’acteur, qui trouve qu’il a mûri, fait l’homme chez Claire Denis
(Photo Audoin Desforges)
publié le 22 mai 2013 à 21h06
(mis à jour le 23 mai 2013 à 14h05)
Les Salauds, de Claire Denis, ne s’est ni écrit ni tourné de manière très classique…

On est parti de cette fameuse phrase, qui marche une fois sur mille, proclamée dans un déjeuner avec Chiara Mastroianni et Claire Denis : «On adorerait que tu tournes un film sur nous.» Plus tard, elle est revenue vers nous avec une idée, une obsession de filmer : un scénario de vengeance, ce qui est le plus jouissif pour un spectateur. On a été voir Vincent Maraval [Wild Bunch, ndlr], et le film a démarré sans l'assurance d'avoir tous les financements. Claire a écrit très vite, tout comme nous avons tourné dans une urgence très particulière, très calme. On était dans le lâcher prise, le refus du contrôle. Mon personnage, celui de Marco Silvestri, est celui d'un héros au sens classique, quelqu'un éloigné de tout qui apprend qu'il y a un drame et qui fait ses bagages pour venir le régler. C'est du western.

Claire Denis vous filme de façon précise. Comment qualifier son regard ?

Je le dis sans aucune prétention : elle a décidé que j’étais «l’homme». Dans toute sa splendeur. Et chez Claire, un homme, ça se respecte, ça s’aime, ça s’érotise. Pour elle, filmer un homme, c’est filmer ses poignets, ses épaules nues, le voir fumer, manger, marcher, s’habiller. Mais aussi sa fragilité. Je ne supporte pas la tendance actuelle à pitcher les films, à les synthétiser en trois mots. Mais là, si je devais le faire, je dirais : c’est fou ce qu’elle aime ce personnage. Et elle me l’a confié.

Vous êtes de nouveau à Cannes, comme en 2011 avec Pater, d’Alain Cavalier, ou en  2012 avec Augustine, d’Alice Winocour. Sentez-vous le regard critique changer sur vous ?

Le fait que vous me posiez la question est révélateur. Absolument, le regard change. Mais mon amour du cinéma reste le même, je dis oui aux films, aux histoir