Dans ses déclarations à propos de la genèse de ce drôle de film, Claire Denis parle beaucoup de Kurosawa et de Faulkner. Le premier pour sa période de polar où ses héros sont «le jouet de forces qu'ils ne maîtrisent pas», le second à travers une citation transparente de Sanctuaire où, comme ici, une jeune fille subit un viol au moyen d'un épi de maïs.
Superflue. A Kurosawa, Claire Denis a emprunté un bout de titre, les Salauds dorment en paix, et, à Faulkner, le désir de construire une histoire choquante. Pour l'auteur américain, on connaît la suite, le manuscrit horrifia son éditeur, et Faulkner reprit entièrement le texte, tout en ne cessant de dénigrer la version initiale du roman qu'il jugeait «malsaine» pour de mauvaises raisons, en l'occurrence le montant des droits d'auteur qu'il espérait en tirer. Il n'est pas impossible que, faute de temps, Claire Denis n'ait mis en scène la version initiale d'un scénario qui, à l'évidence, aurait mérité un décantage plus conforme à ses habitudes de cinéaste.
Le projet, lancé il y a à peine un an, a été tourné à l'arrache, dans la foulée d'une écriture sans doute approximative du scénario. La traduction à l'écran est une complexité superflue de la narration qui exige, c'est peu de le dire, un solide effort de concentration, guère récompensée par une révélation finale d'un moralisme grandiloquent. Pour résumer à grands traits, les Salauds ici dénoncés ne