En programmant 3×3D pour sa soirée de clôture, la Semaine de la critique a fait un excellent choix : œuvre tricéphale en relief numérique, ce film apporte en fin de parcours du Festival une réflexion optique idéale et, elle aussi, tridimensionnelle : il étend la vision du cinéma, il en approfondit le champ et en élargit le spectre.
Segmenté en trois morceaux équivalents d’une vingtaine de minutes chacun ; cosigné, dans l’ordre, par Peter Greenaway, Jean-Luc Godard et Edgar Pêra, il a été produit par le Portugal dans le cadre de l’initiative européenne «Guimarães, capitale de la culture», qui a déjà donné lieu à une volée de courts métrages remarquables réalisés par Oliveira, Erice, Costa, Kaurismäki, etc.
Retable. Commençons par la fin avec le volet baptisé «Cinesapiens» et réalisé par Edgar Pêra, certainement le moins bien tenu et équilibré de l'ensemble. Le registre est celui d'une mini-fresque politique ayant quantité de choses à reprocher au monde moderne et à une certaine dénaturation du cinéma. Ce projet s'exprime sur un ton théâtral, dans un style démonstratif et un peu compassé. C'est également l'épisode le plus traditionnel du projet 3×3D, celui qui a le plus de difficultés à jouer réellement le jeu du relief au-delà de ses effets les plus classiques. Aucune raison de le rejeter pour autant : c'est un volet solidaire du retable ; on peut le juger moins bon, mais on n'a pas le pouvoir ou même le droit ni l'intérêt