Un petit paradoxe entoure la programmation du long métrage d’Erik Matti à la Quinzaine. Le public européen, peu habitué au cinéma philippin dont il ne connaît généralement que les films d’une poignée d’auteurs, dont le grand ancien Lino Brocka et l’imprévisible Brillante Mendoza, découvre un cinéma populaire, bourré d’action, qui s’appuie sur une vieille tradition comparable en bien des points à celui de Hongkong.
Avec On the Job, il découvre en plus un contexte social et politique qui semble taillé sur mesure pour le polar musclé. L'action du film tourne autour d'une spécialité maison un peu particulière qui consiste, pour les hommes politiques les plus riches et les moins scrupuleux, manifestement un pléonasme aux Philippines, de recruter des tueurs à gages parmi les pensionnaires d'une prison. Grâce à quelques enveloppes soigneusement mais généreusement distribuées, des taulards pouvaient ainsi accomplir leur mission lors d'escapades parfaitement programmées.
La vision de cette prison, dépassant tout ce qui est imaginable, est assez bluffante. L’établissement est une petite ville aux innombrables méandres dans laquelle il est possible d’acheter à peu près toutes les marchandises, licites ou non. L’astuce de Matti consiste à produire un effet de symétrie entre les ruelles de Manille, enchevêtrement étouffant de bidonvilles surpeuplés, et cette prison, réplique un peu plus claustrophobe d’une mégalopole devenue folle depuis longtemps.
L’action oppose donc un couple de