Certains films ont la capacité de pratiquer en une journée un violent ménage (qui est aussi une force de désordre) dans l'intégralité de la compétition. La Vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, qui a reçu un triomphe pour sa projection de gala, aura assurément, par son hypnotique tension charnelle étirée sur trois heures, joué ce rôle redistributif, obligeant le festivalier à réévaluer tout son petit panthéon personnel et, surtout, poussant les derniers films montrés sur la Croisette à tenir le choc dans ces parages démontés.
«Torche». The Immigrant, de James Gray, est de ceux-là. Le cinéaste américain entretient de toute façon avec Cannes un rapport ambigu par nature ou habitude, puisque ses films y sont toujours accueillis, par la presse en particulier mais aussi par les jurys qui ne lui accordent aucun prix, dans une ambiance mitigée, voire dédaigneuse. Quitte à assister quelques mois plus tard à des séries de réévaluations pâmées. Ce fut le cas pour The Yards, La nuit nous appartient et Two Lovers, sans que l'on n'ait jamais compris vraiment pourquoi. Et le «this is bullshit», entendu encore hier matin au générique de fin prononcé par un voisin spectateur furieux, indique à quel point le cinéaste continue d'agacer.
The Immigrant se passe à New York en 1921. L'ouverture du film nous découvre une j