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Libération
Cannes

Moreau, de toute bonté

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Wallonie. L’histoire d’un patron de resto et d’une handicapée mentale. Avec cœur mais sans dégoulinade de bons sentiments.
publié le 24 mai 2013 à 22h16

Henri est un film sur la bonté. Pas celle qui glisse la pièce au pauvre monde et puis oublie. Non, la bonté de fond, discrète et invisible, telle qu'elle peut trouver asile dans un bar-restaurant des environs de Charleroi. Au comptoir et aux cuisines, Henri (le sensationnel Pippo Delbono) et Rita (Lio, parfaite), la cinquantaine empâtée. D'origine italienne. C'est-à-dire descendants des mineurs immigrés qui s'échinèrent à perforer la Wallonie pour que les Belges et les Français puissent se chauffer. Ça n'est pas dit, mais ça se voit au détail d'un drapeau italien au coin du bar et aux photos de champions cyclistes où l'on croit reconnaître Fausto Coppi. C'est pas bavard, entre Henri et Rita, le silence des couples usés. Au zinc, Bibi et René (Jackie Berroyer et Simon André, idoines), deux vieux piliers qui partagent avec le patron la même passion pour la colombophilie et les blagasserries limite. Extraits : «Santé, bonheur, et pipe à toute heure.»

Bancale. Un matin, Rita a du mal à démarrer sa voiture. Il faut qu'Henri pousse, bientôt aidé par une petite troupe de gars et de filles un peu bancale. Pour Rita, c'est le dernier voyage. Attaque cardiaque, hosto, enterrement. Le tout filmé en quelques plans. Reste Henri, qui profite du banquet des funérailles pour prendre une cuite sévère avec Bibi et René. Au détour d'un terril, la messe est dite : bon, Rita était belle et gentille, mais un peu chiante. Une fois dessoûlé, Henri retou