Menu
Libération

«Adèle» adulée

Article réservé aux abonnés
Muses. Le cinéaste français Abdellatif Kechiche et ses actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux se sont vu décerner la palme d’or. Tout un symbole.
Adèle Exarchopoulos et, Abdellatif Kechiche et Léa Seydoux, jeudi. (Photo Audoin Desforges)
publié le 26 mai 2013 à 22h26
(mis à jour le 27 mai 2013 à 10h05)
Adèle Exarchopoulos et, Abdellatif Kechiche et Léa Seydoux, jeudi. Photo Audoin Desforges

Le soir de la «manif pour tous», emblème d'une France dont on n'est pas très fier, la palme d'or à la Vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, fait plaisir. Ne serait-ce que parce qu'il contredit certains propos du blaireau de base cannois, très hostile au film sur le thème «v'là autre chose, un film de gouines tourné par un arabe». La projection officielle de la Vie d'Adèle a eu lieu jeudi à 22 heures. Ce fut un triomphe, au terme de trois heures d'éducation sentimentale et sexuelle en très gros plans, à la durée et au dispositif radicaux, capable d'une douceur inégalée tant par l'œuvre passée du cinéaste que par tout autre film vu à Cannes cette année. On a le sentiment qu'après ce choc, suscitant une unanimité critique étonnante et inédite compte tenu du sujet et de la crudité de ce qui est montré, les autres films qui achevaient le parcours de la Sélection officielle ont durement souffert du comparatif. Ni James Gray, ni Jim Jarmusch, ni Arnaud des Pallières, pourtant auteurs de films remarquables, ne figurent ainsi au tableau d'honneur.

La palme décernée à Kechiche, qu'il a tenu à dédier aussi bien à feu son mentor Claude Berri qu'au printemps tunisien, achève de le consacrer comme le nouveau patron du cinéma français après les triomphes publics et multicésarisés de l'Esquive (2003) et de la Graine et le Mulet (2007). Kechiche est un cas dont on ne peut trouver d'autre équivalent que Maurice Pialat. Il est connu pour être un tyran sur ses t