«Allo ? Tu vas rire, mais il y a un souci. On n'a rien pour demain…» Voilà, en gros, la teneur du coup de fil que l'on a redouté de passer aux collègues pendant une quinzaine de jours. Car si Cannes, c'est du cinéma, et que le cinéma, c'est des images, la question des images à Cannes est complexe à résoudre, faisant redouter au tandem journaliste-photographe de ne pas être capable d'exécuter l'exercice fixé : envoyer un portrait, une interview et deux clichés par jour. A Cannes, donc, soit l'on décide d'embrasser le flux aveuglant qui agite la Croisette, et dont les bétaillers photocalls sont la traduction directe. Soit l'on fait tout l'inverse, et l'on tente de contourner la donne, de l'infléchir pendant quelques instants furtifs, de traquer les lucioles. La deuxième solution étant naturellement plus excitante, c'est celle que l'on a suivie.
D'où les innombrables appels, messages téléphoniques et mails, rendez-vous pris, décalés, interviews minutées («C'est pour une pleine page ? Alors, je peux vous proposer une rencontre de 16 h 13 à 16 h 22, vous en pensez quoi ?»). Et des séances photos chrono, orchestrées par Audoin Desforges et son assistant, Antoine Grasset, pressés par les publicistes et agents, ceux dont la profession est d'être réticents à toute sortie de cadre.
La Bataille de Solférino.
Il y eut quelques overdoses d'adrénaline : une course-poursuite dans les couloirs du Carlton avec l'entourage offusqué d'une actrice anglaise qui v