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Critique

«Le Joli Mai» a la mue gaie

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Titi. Le film de Chris Marker sort en version restaurée. Portrait du Paris de l’après-guerre d’Algérie.
Le documentaire de Marker et Lhomme est devenu ce qu'il n'était pas: une formidable archive. (Photo DR)
publié le 4 juin 2013 à 21h36
(mis à jour le 5 juin 2013 à 10h48)

Avec son titre à fredonner, le Joli Mai peut être vu comme une fable. Celle de l'araignée et de l'équilibriste. La première est une vraie araignée qui batifole sur le costume de l'inventeur d'une voiture à conduire sans toucher le volant. Le second est un soldat en uniforme qui, à l'arrière-plan de l'entretien avec l'inventeur, se lance sur une balustrade. Tout ça dans le même plan, le même cadre. Telle est la morale de la fable : regarder les choses en face, c'est aussi les regarder de côté.

Œil. Cette vision en biais est l'un des charmes fous du documentaire réalisé en 1962 par Chris Marker et Pierre Lhomme, dont la sortie en copie restaurée est un bonheur à partager d'urgence. Dans une note d'intention rédigée en 1961, Marker écrivait : «Que repêchera-t-on de nos années à nous ? Peut-être tout autre chose que ce que nous y voyons de plus voyant.» De fait, avec le temps, le Joli Mai est devenu ce qu'il n'était pas : une formidable archive qui documente les bouleversements qui redessinèrent la capitale - chantiers d'aménagement, nouveaux logements, naissance du quartier de la Défense avec son Cnit, mais sans ses tours. Le Joli Mai jette aussi plus qu'un œil sur la persistance de zones de misère inouïes : des taudis en plein centre ; les bidonvilles (dont celui de Nanterre) qui cernaient la ville.

Tout habité d'urbain, le Joli Mai est un modèle d'urbanité. Cette façon systématiquement bienveilla