Jusqu'à des temps très récents, l'interminable visionnage de centaines de diapositives illustrant les vacances au Maroc des voisins de palier pouvait être considéré - à juste titre - comme l'un des supplices les plus raffinés du monde occidental. Avec la sortie en salles, aujourd'hui, de la Fille du 14 juillet, il n'est pas impossible de croiser des jeunes gens hilares qui, sans raison cohérente, peuvent se mettre à beugler «soirée diapo !» en se gondolant de rire. Inutile de leur demander des explications, ils seront incapables d'en fournir, car cette scène, issue du premier long métrage d'Antonin Peretjatko, ne se raconte pas. Tout comme le reste du film d'ailleurs, qui se partage entre initiés.
C’est le privilège des très bonnes comédies burlesques de n’appartenir qu’à un espace exclusivement visuel qui se passe presque de dialogues et totalement d’explications. En dépit d’un budget poids plume, Peretjatko a trouvé mille astuces pour inclure dans son film une solide dose de poésie irréelle. Certaines relèvent d’un pur comique de situation, d’autres sont d’un ordre plus technique. Plusieurs séquences, dont celle d’ouverture, filmée au petit matin de la fête nationale alors que la place de l’Etoile grouille de militaires, ont été tournées à une vitesse légèrement trop rapide. L’effet produit, presque imperceptible, donne à chaque démarche, chaque geste, chaque regard, une distorsion juste assez bizarre pour susciter l’amusement sans basculer dans le grotesq