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Interview

Lisandro Alonso: «Je suis sorti de ma bulle, comme un rocker de son garage»

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Outsider. Le jeune Argentin Lisandro Alonso vient de terminer un film avec, pour la première fois, des acteurs pros. Il est l’invité d’une rétrospective précoce au centre Pompidou :
publié le 11 juin 2013 à 19h07
(mis à jour le 12 juin 2013 à 10h39)

Pendant l'entretien avec Lisandro Alonso, voici quelques jours à Paris, un voisin de terrasse sonorisait en sourdine l'atmosphère ensoleillée par un morceau extrait du nouveau Daft Punk, sans cesse répété, Giorgio by Moroder, qui commence lui-même par une interview du vieux lion disco. On n'aurait osé rêver juxtaposition plus ambivalente ni choc plus moderne. Car pour primitif qu'il paraît, pour mutique et démuni qu'il soit, le cinéma de Lisandro Alonso est fermement incrusté sur la flèche de la modernité. Avec quelques autres, il en forme même la pointe. Sa surface économique, sociale et médiatique atteint peut-être l'envergure d'une tête d'épingle, celle-ci est en Kevlar : sa méthode et sa rigoureuse obstination ont imposé en une dizaine d'années un style à la fois gracieux et très solide, presque dur, saisissant mélange d'empathie implacable et de redoutable innocence.

Argentin, 38 ans, quatre films et déjà au musée (1) : avec son nom de pilote de Formule 1 et son prénom sparte, avec sa silhouette hippie à chevelure christique, Lisandro Alonso n’a pas exactement le profil pour être aujourd’hui embaumé. Si le centre Pompidou lui rend hommage, c’est dans le cadre de l’événement autour d’Albert Serra, dont Alonso est l’invité spécial jusqu’à la fin du mois, avec rétrospective, carte blanche, regard sur le cinéma argentin contemporain, rencontres, etc. Il n’est pas exclu que ce bilan précoce sur le cinéaste radical sonne la fin d’un premier acte dans sa trajectoire :