«Mohamed, c'est la classe internationale !», et c'est Jamel qui le dit. Jamel Debbouze coproduit et joue dans Né quelque part, premier long-métrage de Mohamed Hamidi. La classe internationale, parce que ce fils d'immigrés algériens, né à Bondy, quartier Blanqui, dernier d'une fratrie de neuf, est le premier de la famille à décrocher le bac. Puis en candidat libre, sans prépa, il enchaîne sur le Capet et l'agrégation d'économie-gestion. Autodidacte, donc. Comme pour la musique qu'il apprend à 12 ans en grattant des accords de James Brown, Jacques Brel et Maxime le Forestier sur une guitare refilée par son frère. «C'était une guitare pour gaucher, je jouais à l'envers», mais qu'importe ! La classe internationale, «c'est d'avoir fait comprendre à des jeunes que l'écriture, c'est pas l'orthographe, c'est la pensée», s'enthousiasme Jamel Debbouze.
10 novembre 2005, les émeutes embrasent les quartiers populaires. Depuis dix ans, Mohamed Hamidi est professeur d'éco à Bobigny. Le soir, il joue dans un groupe de funk et anime l'association Alter-Egaux pour redonner de l'ambition aux jeunes du quartier. Ce jour-là, il se souvient d'avoir vu débarquer à Bondy un «aventurier des temps modernes avec chapeau et gilet à poches». C'est Serge Michel, journaliste suisse à l'Hebdo, prix Albert Londres 2001, dont la démarche s'inscrit aux antipodes du sensationnalisme. Il cherche un local pour s'installer trois mois au cœur d'un de ces quarti