Menu
Libération
Interview

«Les théories du complot, un sport américain»

Article réservé aux abonnés
Interview. Le Californien Rodney Ascher, réalisateur de «Room 237», explique la passion des exégètes de «Shining».
publié le 18 juin 2013 à 19h06
(mis à jour le 19 juin 2013 à 9h31)

En mai 2012, Rodney Ascher débarquait à Cannes pour la première fois de sa vie avec, sous le bras, Room 237 sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Un choc culturel pour ce réalisateur américain auteur de courts métrages expérimentaux, de films d'horreur et underground, qui a reçu un accueil enthousiaste du public et de toute la cinéphilie. A Paris la semaine dernière, il s'en réjouissait encore.

D’où vous est venue l’idée d’un tel film ?

J'avais déjà expérimenté la même technique consistant à confier à des gens un petit matériel d'enregistrement audio, puis à monter leurs discours sur des images, et j'en étais très content. L'univers incroyablement riche des exégètes de Shining me semblait propice à ce type de dispositifs. Puis, lors de ma première conversation avec l'un des personnages interrogés dans le film, au bout de trois heures et demie, j'ai été convaincu de tenir quelque chose. Surtout, j'avais le sentiment que dans le processus qui conduit des tas de gens à regarder encore et encore le film, à le décortiquer parfois image par image, à en tirer des théories très complexes, il y avait quelque chose de très intime, comme si cela leur permettait de mieux comprendre le monde qui les entoure. Ce qui m'intéressait n'était pas de percer le secret de Shining, à condition qu'il y en ait un, mais d'étudier les méthodes inhabituelles utilisées par Stanley Kubrick pour que son film, plus de trente ans après sa sortie, reste au centre de débats fougueux.

Etes-vous vous-même un inconditionnel de Kubrick ?

Comme beaucoup de gens, j'ai découve