Dans les premières saisons des Soprano, Tony utilisait parfois une expression qui laissait perler sa nostalgie d'une époque où le doute n'existait pas : «Mais qu'est-il arrivé à Gary Cooper ?» Ce à quoi l'un des guignols qui lui servaient de lieutenants lui répondait invariablement : «Mais, Tony, il est mort.» Tony Soprano, alias James Gandolfini, a rejoint Gary Cooper avant-hier, succombant, semble-t-il, à une crise cardiaque à Rome, alors qu'il s'apprêtait à se rendre au festival de Taormina, en Sicile. Il avait 51 ans.
Cette disparition brutale ne manque pas de ressorts cruellement ironiques. D’abord parce qu’elle a eu lieu en Italie, à la fois le berceau culturel de l’acteur, né dans le New Jersey en 1961, et du personnage qu’il a incarné six saisons durant (entre 1999 et 2007) sur la chaîne américaine HBO. Ensuite parce que sa mort, de manière troublante, ressemble au scénario du premier épisode de la série, diffusée le 10 janvier 1999. Tony Soprano, parrain italo-américain du New Jersey, défaille lors d’un barbecue organisé dans sa villa. Inexplicablement, il tombe le nez dans le gazon, terrassé par une crise d’angoisse après avoir assisté au départ de canards migrateurs de sa piscine où ils avaient élu domicile. Incapable de comprendre ce qu’il lui arrive, Tony le dépressif va dès lors rendre visite à une jolie psychanalyste, lui racontant tout, ses doutes, ses craintes, sa terreur de ne pas être à la hauteur, chaque scène de confession agiss