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Critique

Biette apprivoisé

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Outsider. En parallèle d’une rare rétrospective de l’œuvre, jamais rééditée, du critique et cinéaste, un documentaire et un livre de son ami et acteur Pierre Léon sortent ce mois-ci.
publié le 25 juin 2013 à 20h16
(mis à jour le 26 juin 2013 à 12h06)

Il y a tout juste dix ans, disparaissait Jean-Claude Biette, presque en même temps que paraissait son septième long métrage, Saltimbank. Un film qui, du premier réalisé par le cinéaste (le Théâtre des matières, 1977), semblait travailler et retramer une ultime fois l'étoffe chimérique, l'entrelacs de fictions troubles aux contours de vaste mobile impassible, les essences toutes d'équivoques et d'extrême clarté mêlées, le tempérament gazeux et secret. Pour autant que l'on se rappelle, dans le très beau Saltimbank, il n'était presque question que de transmissions, du commerce de l'argent et de la création, d'art que l'on trafique, que l'on s'approprie et que l'on escamote. Un écheveau de récits étouffés qui ne se présentait alors ni comme un discours ni comme une prophétie - c'eut été là contrarier la nature réservée, le chuchotement constitutifs de ce cinéma.

Pourtant, impossible de ne pas y voir désormais la malheureuse ironie d’un présage, l’augure du devenir invisible de l’œuvre déjà discrète de Biette, dont les films sont depuis lors demeurés entravés dans d’obscurs problèmes d’ayants droit, et ainsi empêchés d’être réédités en salles ou en DVD. Un état de privation de circuler et de se partager, qui n’en rend que plus chérissables les entorses qui y sont faites, comme la rétrospective intégrale qui vient de se tenir à la Cinémathèque française, la programmation itinérante par l’Association des cinémas de recherche d’Ile-de-France (Acrif ) de que