Menu
Libération
Critique

«Hijacking»: pirates à double face

Article réservé aux abonnés
Abordage. Deux huis-clos parallèles et réussis entre Danemark et Somalie.
Johan Philip Pilou. (Photo DR )
publié le 9 juillet 2013 à 20h46
(mis à jour le 10 juillet 2013 à 10h30)

Selon Wikipédia, citant le respectable magazine Mer et Marine, il y a eu 233 actes de piraterie répertoriés dans le monde au cours des neuf premiers mois de 2012. Parmi ceux-ci, 24 se sont traduits par l'abordage des navires, provoquant la prise d'otages de 458 marins et la mort de six d'entre eux. Hormis ces froides statistiques et, de temps à autre, quelques regards affligés dans les journaux télévisés, la piraterie reste un sujet opaque, évoquant au mieux un phénomène situé quelque part entre la légende de Barbe-Noire et le terrorisme international moderne.

C’est donc sur un terrain quasiment inexploré que s’est avancé Tomas Lindholm, reconstituant l’abordage d’un navire marchand danois en mer de Somalie. Jouant la carte documentaire et brandissant l’argument d’une enquête rigoureuse, le film concentre l’essentiel de son propos sur deux huis-clos où jamais une caméra n’a posé son objectif. D’une part, le navire aux mains de jeunes gens armés de mitraillettes, dans lequel une poignée d’Occidentaux se morfondent dans leur crasse en attendant qu’aboutisse l’interminable transaction financière entre pirates et propriétaires du cargo. D’autre part, à l’autre bout du monde, la salle de crise de l’armateur danois où une bande de joyeux drilles sanglés dans leur costume gris, mégotent comme des épiciers pour faire baisser le montant de la rançon exigée.

La superposition de ces deux contextes constitue le point de vue moral du film. A de multiples reprises, les pirates sont