A-t-on le droit de casser la gueule d'un journaliste qui vous a trahi ? En octobre 1980, Patrick Dewaere se présente chez Patrice de Nussac, journaliste culturel au Journal du dimanche, qui a écrit quelques jours plus tôt un article, «Avec Dewaere, le temps d'aller de Paris à Liège», où il révèle la date de son futur mariage avec Elsa, mère de sa fille Lola. L'histoire dit que Nussac était assez proche de Dewaere pour que celui-ci fasse au bonhomme des confidences propres à ne pas être imprimées. En France, l'expression «off the record» n'avait pas encore acquis sa fortune ultérieure, mais le phénomène, aussi vieux que la presse, était naturel et permanent. Le dernier film de Patrick Dewaere - Un mauvais fils, de Claude Sautet - allait sortir en salles.
Le lendemain, le journaliste apparaît dans les journaux télévisés, sur son lit, comme un novice en cellule victime du bizutage par un caïd, l'œil sévèrement poché et le visage tuméfié. Cette image, et les déclarations sobres de la victime, ont un effet immédiat sur la carrière de son agresseur, alors au sommet de sa gloire hexagonale. La presse le boycotte par solidarité professionnelle, au nom de principes ronflants (liberté d'expression, etc.) qui, comme souvent, fleurissent à une occasion peu appropriée. Dewaere doit s'excuser et le fait en signifiant par le ton qu'il n'est pas d'humeur à le faire. Des contrats pour des films ne sont pas signés. La virulente spontanéité de l'homme a nui aux personnages qu'