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L’homo de ces dames: et si Rock Hudson n'avait pas dit qu'il avait le Sida?

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Rewind. Cet été, «Libération» transforme l’Histoire en fictions. Idéal masculin de l’Amérique, l’acteur dément les rumeurs et retarde ainsi la prise de conscience collective.
publié le 22 juillet 2013 à 22h26
(mis à jour le 24 juillet 2013 à 10h06)

Ce devait être un été californien comme les autres. Bleu, chaud… Et cool. Je débarque en ce mois de juillet 1985 dans ma ville adorée de San Francisco pour un retour nostalgique après des années rock and roll. San Francisco ne ressemble plus à San Francisco. Dans les rues habituellement déchaînées de Castro, colline phare des homosexuels du monde entier, un calme pesant a envahi le quartier. Les pick-up bars sont vides, les grands hammams, fumantes usines à partouzes, sont fermés. Dans les saunas, où s'échangeaient depuis des années les corps, surfant sur la révolution sexuelle déferlant depuis les années 60, des pancartes «CLOSED» ont été collées sur les portes. La fête est finie.

Je prends des pièces pour téléphoner et fonce vers une cabine. «Panique sur la ville», dis-je à un lointain interlocuteur parisien, confiné dans les locaux enfumés de Libération. «Je suis en vacances, certes, mais je me propose de faire le reportage "San Francisco envahi par la peur de la maladie mystérieuse". Aids, en anglais. Bon en français le sida, tu vois…»

Le malheureux de permanence à la tête de ce quotidien estival n'hésite pas. Catégorique, définitif, cassant : «Mais le sida, on en a déjà parlé ! On ne va pas recommencer.»

On a déjà fait le papier sur cette histoire, passons à autre chose. Découragée, je pars à la plage. Les journaux retombent dans leur torpeur, c'est à peine s'ils publient une petite dépêche qui signale que deux agents f