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Libération
Critique

Bill Douglas, Ecosse système

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Réalisme. La trilogie du réalisateur britannique sur sa survie, enfant, dans les années 40, ressort en France.
Tournée en 1973, «My Ain Folk» est le second volet de la vie de Jaime. (Photo UFO distribution. )
publié le 30 juillet 2013 à 20h56

Bill Douglas a 38 ans quand il tourne My Childhood en 1972, moyen métrage qui deviendra le premier volet de cette trilogie méconnue en France hors des cercles cinéphiles, mais l'une des pierres angulaires du cinéma britannique. Ce n'est pas tant l'âge qui compte ici, mais le temps qui fut nécessaire à l'auteur pour affronter ses démons et régler ses comptes avec une enfance abominable.

En vie. Le personnage principal de son film est Jaime, alter ego du réalisateur. Un gamin chétif et sale qui survit, dans les années 40, dans son patelin minier d'Ecosse entre un demi-frère plus âgé que lui et une grand-mère frappée de mutisme, le tout dans une pauvreté hors du temps. Enfant illégitime, rejeté par tous, Jaime erre en haillons de terrains vagues en terrils, à la recherche d'une raison de rester en vie ou d'un être humain capable de lui témoigner une poussière d'affection.

Le plus frappant dans ce volet initial est la violence du style de Douglas. Dans une succession de compositions qui rappellent autant le cinéma muet que les films réalistes chers à la Grande-Bretagne, le film jaillit des ténèbres d’un passé dont rien n’a pu effacer la douleur de la faim, des maltraitances et de la solitude. Les récits des anecdotes sont courts, elliptiques, fulgurants et toujours nimbés d’un mystère menaçant qui ne se révèle qu’à la fin des scènes.

Plus posés, les deux autres volets furent tournés à quelques années d'intervalle grâce au succès rempor