Peu d'actrices ont, comme Karen Black, réussi à vamper des publics aussi différents que ceux qui constituaient son immense fan-club. Il faut dire que la comédienne américaine, morte d'un cancer à Santa Monica le 8 août à 74 ans, ne s'était pas beaucoup ménagée. Depuis son premier rôle dans Big Boy, de Francis Ford Coppola en 1966, elle avait tourné dans près de 200 films, téléfilms et autres séries, sans jamais abandonner ni son goût pour la chanson (c'est elle qui chante Rolling Stone dans Nashville, de Robert Altman), ni son amour des planches sur lesquelles elle a débuté, à la fin des années 50 à Broadway, ni sa passion pour l'écriture de scénarios que personne ne tournait. Surtout, Karen Black a accompli le prodige de s'inscrire à la fois dans la légende du cinéma indépendant américain des années 70 mais aussi dans celle, autrement plus tortueuse, du cinéma d'horreur, accumulant à peu près autant de navets que de bons films.
Flair. A propos de la première partie de sa carrière, Karen Blanche Ziegler, devenue Black à l'occasion de son premier mariage, a fait preuve d'un flair à toute épreuve, enchaînant quelques-uns des monuments de l'époque, dont Easy Rider (Dennis Hopper, 1969), Five Easy Pieces (Bob Rafelson, 1970), Vas-y fonce ! (premier film de Jack Nicholson comme réalisateur, 1971), Cisco Pike (Bill L. Norton, 1972), le Complexe de Portnoy (Ernest Lehman, 19