Quelques semaines après le dernier Festival de Cannes, où Michael Kohlhaas fut présenté en compétition, Arnaud des Pallières, cinéaste français, appelle Mads Mikkelsen, acteur danois, pour une heure et demie d'échanges Skype tendus entre un bureau parisien et un jardin à Copenhague. Les deux hommes se remémorent comment le film est né de l'intensité d'une rencontre. Libération a glissé son dictaphone dans la conversation.
Mads Mikkelsen : J'ai reçu le scénario en anglais de Michael Kohlhaas et une longue lettre d'Arnaud, il y a quelques années. J'avais trouvé le projet extrêmement radical, et très intrigant. Il y avait des choses très entêtantes dans ce que j'avais lu, j'avais beaucoup de questions, et j'ai déjeuné avec Arnaud et son producteur, Serge Lalou, à Copenhague. Ce fut une rencontre très intense, même si Arnaud n'a presque pas parlé, et j'ai ressenti beaucoup de sincérité dans l'expression d'une nécessité pour lui de faire ce film. Pas un désir, mais une nécessité. C'est suffisamment rare pour que cela m'ait marqué.
Arnaud des Pallières : Si j'étais silencieux, c'est que j'étais en phase d'observation. Pour tous les rôles de mes films, surtout les plus importants, j'essaie de composer les personnages à mi-chemin entre ce que j'ai écrit et la singularité de l'acteur qui l'incarne. Je savais que si Mads tenait le rôle, il allait apporter une part importante de sa personne, et j'avais besoin de savoir si j'all