Barbet Schroeder, auteur du film l'Avocat de la terreur, raconte ses liens avec Jacques Vergès.
Depuis le tournage de votre documentaire, aviez-vous gardé contact avec Jacques Vergès ?
Non, aucun. Immédiatement après la sortie du film, il a voulu continuer à me voir… Il m’invitait à dîner, pour que j’apparaisse aux yeux du monde comme son ami. Il voulait montrer, en fait, que c’était lui qui m’avait manipulé pour le film et non l’inverse… Pendant quelque temps, j’ai joué le jeu. La manipulation faisait partie de la nature de son génie.
Dans l’Avocat de la terreur, aucune facette du personnage n’est laissée de côté. Comment s’est déroulé le tournage, vos rencontres ?
Nous nous sommes très bien entendus, sinon nous n’aurions pas pu avoir ce résultat. Cela a été très simple de travailler avec lui. Vergès aimait beaucoup qu’on parle de lui. Il nous a aidés à avoir les contacts pour interviewer certains de ses proches.
Il vous a laissé le final cut, c’est-à-dire le choix du montage définitif. Comment a-t-il réagi quand il a découvert le résultat ?
Il a dit quelque chose comme «c'est un film extraordinaire, dépenser une telle quantité d'intelligence pour en arriver là…» Puis, aux gens de la production qui étaient autour de lui après ce visionnage, il a annoncé : «Vous aurez de mes nouvelles dans les quinze jours.» Je n'ai jamais eu de nouvelles dans un sens négatif, rien dans les contrats qui nous liait ne lui permettait quoi que ce soit. Puis, quand le film est sorti, il a joué son jeu, il en a fait la promotion. Il est venu à Cannes sur son propre budget, il a payé sa propre attachée de presse… Mais restons en là. Aujourd'hui, il est décédé. Pour moi, Jacques Vergès, c'est d'abord un homme extraordinaire que j'ai admiré pendant toute ma jeunesse. J'étais engagé dans la lutte des Algériens pour l'indép