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Interview

François Ozon: «Un fantasme n’est pas un passage à l’acte»

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François Ozon revient sur l’accueil fait à son film à Cannes et la polémique sur ses propos :
François Ozon à Saint-Sébastien le 29 septembre 2012. (AFP)
publié le 20 août 2013 à 20h56
(mis à jour le 21 août 2013 à 10h09)

Avec Jeune & jolie, le prolifique Ozon séduit autant qu'il intrigue. Il revient avec nous sur cette étrange réception.

Parlons du sujet de Jeune & jolie. La jeunesse est-elle une grande part de la beauté ?

Ce n’était pas exactement la jeunesse qui m’intéressait, mais l’adolescence, cette période de mutation, hormonale, où tout semble possible et où rien ne fait peur. La beauté vient de là, de l’inconscience, l’insouciance des premières fois. Et puis, il y a les peaux, laiteuses et diaphanes avec des traces d’enfance, qui captent si bien les lumières. Mais j’ai choisi Marine Vacth, au-delà de sa beauté évidente et foudroyante, pour le mystère mélancolique qu’elle dégage.

Un scénario pareil pose-t-il des problèmes spécifiques de regard, de placement, de degré ? Quelles étaient vos limites pour traiter ce thème ?

C’est toujours stimulant de filmer des scènes de sexe, car on se pose des questions très concrètes de mise en scène : que montre-t-on ? Que suggère-t-on ? Qu’est-ce qui m’excite, moi ? Quel effet vais-je produire sur le spectateur ? Du désir, de l’effroi, du dégoût ? Pour ce film, je n’ai pas eu de limite particulière ou besoin de me censurer. Je souhaitais être en empathie avec mon personnage et l’accompagner. Il fallait la suivre, et l’idée était non pas de la dégrader sous prétexte qu’elle se prostituait, mais plutôt d’essayer, dans les scènes de sexe, de révéler avec respect et élégance les émotions et sentiments qu’elle traversait.

Aujourd’hui, il ne suffit plus de faire un film, il faut savoir manier le discours qui va avec. Cet exercice semble avoir été particulièrement périlleux avec Jeune & jolie. A Cannes, le film a été à la fois bien accueilli mais aussi tenu pour un peu suspect. De quoi, à votre avis ? Et comment vivez-vous cette obligation faite aux cinéastes de se justifier ?

Tout cinéaste rêverait que son film se suffise à lui-même et ne pas avoir à l'expliquer. L'époque où Luis Buñuel bottait en touche devant les demandes d'explications des journalistes est révolue, hélas. Le cinéaste est devenu un représentant de commerc