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Libération
Interview

«Il y a tant de hasards dans une biographie»

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Qui va là ? Quel réalisateur répondait cette année-là à nos questions ?
publié le 23 août 2013 à 19h06
Est-ce que c’est un film où tout est dit ou, plutôt, est-ce qu’il y a une volonté de tout montrer ?

J’espère que non, un film où tout est dit est mort. On doit poser des questions de la manière la plus forte possible mais pas essayer de donner des réponses, d’abord parce qu’il n’y en a pas. Dans leur domaine, les politiques, les scientifiques peuvent en avoir, bien entendu, mais en art, ce serait ridicule d’imaginer avoir réponse à quoi que ce soit.

On doit essayer de s’approcher au maximum de la complexité contradictoire d’une situation et laisser ouverte l’interprétation afin que le film ne se termine pas sur l’écran mais dans la tête, le cœur… ou le ventre.

Vous avez tout de même changé de méthode depuis vos premiers films…

A une époque, j’étais sans doute plus influencé par Bresson, alors qu’aujourd’hui, je suis plus attiré par Tchekhov. Ce n’est pas contradictoire, ils ont beaucoup de choses en commun.

Vous restez fidèle à des auteurs que vous avez aimés très jeune ?

Oui, non, pas vraiment. On a forcément lu tous les classiques quand on est jeune, après, votre compréhension ou votre sensibilité évolue. L'année dernière, il y a eu une nouvelle traduction de  Guerre et Paix. J'avais lu le roman à 25 ans, mais à l'époque j'adorais Dostoïevski, et Tolstoï, pour moi, c'était le romancier de fresques naturalistes et didactiques, lourd, etc. J'ai acheté le livre et je ne pouvais tout simplement plus m'arrêter, j'annulais tous mes rendez-vous. Moi j'ai changé, le livre est le même. Je me souviens quand j'étais un jeune homme. A 16 ans, j'ai vu  Marianne de ma jeunesse, de Julien Duvivier, j'ai a-do-ré ce film romantique, qui se passe dans un internat, une histoire d'amour,