Récapitulons. Depuis lundi à Lussas, en Ardèche, des visiteurs traversent la Belgique, le Congo, l'Equateur, Israël, la Grèce, l'Egypte, le Burkina Faso, la Pennsylvanie, l'Algérie, l'Allemagne, la Russie… Sans quitter un village de quelques centaines d'âmes, ni rien laisser de côté des principaux désordres du monde, qui n'en manquent pourtant pas. Lussas accueille la 25e édition des Etats généraux du film documentaire. Cinq salles éphémères, le plus souvent pleines, et dans les rues, de longues tables en bois pour s'asseoir et parler de cinéma, du matin à tard dans la nuit. Lorsqu'une séance se termine, on quitte l'ombre climatisée, le soleil étourdit et les cigales opposent leur rythme lent, trompeur, à l'état furieux du monde qui défile sur les écrans.
Altitude. En tout, 167 films pour un festival non compétitif, ce qui permet de croiser quelques œuvres intenses, abouties, aux côtés de premiers films fragiles. Dans la première catégorie, le Dernier des injustes, de Claude Lanzmann ( Libération du 18 mai) côtoie les Trois Sœurs du Yunnan, de Wang Bing. Depuis l'obscurité d'une ferme d'altitude en Chine, le quotidien de fillettes dont la mère n'est plus là, le père travaille en ville. Les gestes de tous les jours, les jeux d'enfants, la cuisine, le lit de paille, le feu. Les courses dans le froid pour rame