Fabienne Godet semble aimer les études de cas. Après Sauf le respect que je vous dois, qui scrutait le harcèlement au travail, après sa plongée dans le mental du braqueur Michel Vaujour (Ne me libérez pas, je m'en charge), elle s'attarde une nouvelle fois sur une figure masculine magnétique et détraquée : Antoine, photographe un poil cynique, drôle et indolent, qui semble avoir renoncé au grand art dont il est capable pour gagner sa vie avec des photos de mariage…
Antoine, en vérité, cache ses doutes, préférant boire un bon coup plutôt que d’affronter ce syndrome de l’échec qui l’a conduit à tant de renoncements. Mais un jour, il ne peut éviter la cruelle providence qui tombe, littéralement, sous ses yeux : une jeune femme, sa belle voisine d’en face, qui saute du toit après avoir joué quelques gammes de Chopin et dont il va sauver la vie. Dès cet instant, Elena, étudiante et apprentie pianiste, va devenir le centre du monde, jusque-là sans repère, d’Antoine.
Scepticisme. Malgré l'insistance d'un destin qui semble les pousser l'un vers l'autre, on comprendra très vite qu'Une place sur la Terre n'est pas une histoire d'amour entre Antoine et Elena (Ariane Labed, très bien, même si la cinéaste en accuse un peu trop le romantisme). Et on est infiniment reconnaissant à Fabienne Godet d'avoir résisté à la tentation de la romance, en n