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Libération
Reportage

À Athènes, sur un plateau ivre

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Visite, au pays des vacances et de la crise économique, sur le tournage de «Xenia», de Panos H. Koutras.
publié le 3 septembre 2013 à 19h06
(mis à jour le 4 septembre 2013 à 16h43)

N’importe quel citoyen européen bien informé, et pas nécessairement journaliste, débarquant à Athènes ces jours-ci, pourra ressentir ce trouble schizophrène, cette sorte de choc grinçant entre hédonisme et politique : la Grèce, destination de nos vacances, est aussi devenue celle de nos angoisses…

C’est-à-dire qu’on y projette le meilleur et le pire. Le soleil, les îles, la mer Egée, l’Acropole, la naissance de la philosophie et tous ces beaux clichés où baigne «le berceau de notre civilisation» sont désormais associés à la crise économique, la misère qu’elle nourrit, les émeutes qu’elle entraîne, l’extrême droite qu’elle favorise. On vient en Grèce chercher un repos individualiste, on y trouve matière à réflexion collective, laquelle se rapporte bien souvent à une question : ce pays, matrice lumineuse de notre histoire, est-il un laboratoire de notre ténébreux futur ?

La Grèce d'aujourd'hui est le motif dominant d'un film dont le tournage s'achève à Athènes : Xenia, réalisé par Panos H. Koutras, sans doute l'élément le plus exotique et turbulent de la modeste école du cinéma grec. Le scénario de Xenia est d'une lecture heureuse, qui file comme de l'eau claire, portée par une grâce comme il est rare d'en trouver à ce stade de l'élaboration d'un film. Il conte l'épopée de deux frères de 16 et 18 ans, nés en Crète d'une mère albanaise et d'un père grec qui ne les a pas reconnus - que d'ailleurs ils ne connaissent même pas. Lorsque cette mère meurt, le plus jeun