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Libération
Critique

«Ilo ilo», rayon gamin

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Caméra d’or. Chronique familiale et sensible qui dévoile subtilement la cité-Etat démocratico-autoritaire de Singapour.
Chen de la vie conjugale. (Photo Han)
publié le 3 septembre 2013 à 20h26
(mis à jour le 4 septembre 2013 à 10h39)

A priori, une caméra d'or obtenue au premier tour et à l'unanimité du jury (présidé cette année par Agnès Varda), ça en impose. Ayant manqué Ilo Ilo à Cannes, on se prépare à voir à Paris un film imparable, puissant, évident, qui nous emballe sans conditions. Autant lui rendre tout de suite ce service et le remettre sans mépris à sa bonne place : Ilo Ilo est un premier film charmant, sensible et parfois même inspiré, mais en aucun cas un chef-d'œuvre. Il marche dans les pas de quelques très grands films sur l'enfance, et son réalisateur réussit avec lui un introducing délicat sur la scène mondiale des cinéastes auteurs, mais ce serait le desservir que de le surestimer.

Enfant roi. Pour son premier long métrage, le trentenaire Anthony Chen a choisi d'évoquer une époque où il avait à peine 15 ans : le Singapour de 1997, au moment même où la «crise asiatique» frappait durement l'économie du micro-Etat. C'est dans ce contexte que nous nous introduisons auprès de la famille de classe moyenne où le jeune Jiale, 11 ans, fils unique et enfant roi désœuvré, multiplie les bêtises pour se faire remarquer. Enceinte, travaillant dur et toujours débordée, sa mère fait appel à une employée philippine, Teresa, pour la seconder. Ilo Ilo va dès lors consister en un apprentissage humain réciproque entre Teresa et Jiale, depuis les débuts rugueux de leur relation jusqu'à une très grande affection silencieuse, et finalement