C'est l'un des paradoxes de la vie des festivals de cinéma : on s'y rend à dessein d'y engloutir et jauger quatre ou cinq films par jour, que l'on ne manquera pas de coter, étiqueter, et hiérarchiser aussitôt, alors pourtant qu'il n'est pas d'idée plus volatile et spongieuse que celle que l'on se fait d'un film de festival, immédiatement chassé par un autre et souvent réévalué à cette aune. On a découvert Night Moves, le nouveau film de Kelly Reichardt, aux premiers jours de cette Mostra, et l'on s'était alors hâtivement dit que ce n'était pas là forcément autre chose qu'un film de plus pour la réalisatrice d'Old Joy et La Dernière Piste, sinon la tentative de convier quelques jeunes et jolis visages hollywoodiens (Jesse Eisenberg, Dakota Fanning, Peter Sarsgaard) autour d'un sujet sans doute plus porteur et défini qu'à l'accoutumée. Mais, peut-être parce que ces derniers jours furent constellés d'autres projections que l'on aimerait aussitôt oublier, quelque chose du film de Reichardt nous entête, et au fil des heures son souvenir gagne en ampleur, se déleste doucement de ce tout ce qui en lui n'avait pas su nous retenir.
Night Moves relate l'histoire d'un trio d'activistes écologiques radicaux qui, pour frapper les consciences, entreprennent un attentat à la bombe contre un barrage, puis se dispersent, et se trouvent confrontés à l'abime de paranoïa et d'inconséquence ouvert par leur action. De la préparation patiente de l'opération au te