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Critique

«Majordome»: le serviteur noir de la Maison Blanche

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Peau. Les bons et loyaux services d’un «Majordome» à Washington.
Forest Whitaker à droite. (Photo DR)
publié le 10 septembre 2013 à 19h01

Des champs de coton jusqu'à l'élection de Barack Obama, le Majordome balaye près de quatre-vingts années d'émancipation des Noirs aux Etats-Unis. On pouvait craindre la saga historique longuette et grandiloquente, le résultat est en fait un film efficace. Forest Whitaker y incarne Cecil Gaines, un Noir fuyant l'Etat de Géorgie des années 30 et les lois Jim Crow qui font des Afro-Américains des citoyens de seconde zone, pour devenir domestique à Washington. Le voilà recruté à la Maison Blanche, où il sert sans broncher sept présidents, de 1952 à 1986, tout en suivant les épisodes douloureux - et finalement récents - de la déségrégation.

Hypocrisie. Pour créer ce personnage, Lee Daniels, à qui l'on doit Precious, s'est inspiré de la vie d'Eugene Allen, employé à la Maison Blanche pendant trente-quatre ans, dont le Washington Post fit le portrait en 2008. Mais l'intérêt du film est qu'il offre d'autres points de vue. Il met en scène la femme de Cecil et ses deux fils, chacun racontant à sa manière son expérience d'homme noir aux Etats-Unis. La célèbre animatrice de télévision Oprah Winfrey incarne l'épouse, qui suit les événements depuis le foyer familial, sur un petit écran diffusant de nombreuses images d'archives. Louis, l'aîné, joué par David Oyelowo, en veut à son père de n'être qu'un domestique à la botte des Blancs. Il devient militant au côté de Martin Luther King, puis se radicalise, au point d'être rejeté